Chapitre 4#

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L’effondrement et l’écroulement de leurs relations

Était-ce juste de la chance ?

Ou était-ce juste parce que j’étais quelqu’un de bien ?

La seule satisfaction était de se dire qu’il ne s’était rien passé de grave pendant le weekend.

Hmph. Ça devait être grâce à mon plan.

Mais si vous voulez tout savoir, les pires folies que j’avais faites étaient de voler de la nourriture dans le bol de mon frère lors du dîner, d’acheter des composants pour PC hors de prix sur internet, de danser en sous-vêtements et de me glisser dans la chambre de mon frère en quête de magazines pornographiques attisée par la curiosité sur les goûts masculins en la matière – mais j’avais abandonné en cours de route, faute d’en trouver le moindre.

Bon, il ne s’était vraiment rien passé de grave – je l’espérais.

Et d’après ce que j’avais compris, le déchaînement de désirs n’avait induit que le même genre de choses chez les autres.

Par exemple, il y en avait un qui avait jeté un œil au portable de sa petite sœur pour s’assurer si oui ou non elle avait un petit copain. En représailles, celle-ci l’avait ignoré pendant une journée entière, et il fut contraint de lui acheter une tonne de bonbons à la supérette du coin pour se faire pardonner.

Un autre exemple était cette personne qui eut envie de grimper à un arbre sur un coup de tête alors qu’elle rentrait chez elle. Mais une fois en haut, elle se sentit extrêmement gênée en se rendant compte que tout le monde avait pu voir sa culotte pendant son ascension.

Un dernier exemple était une personne qui s’était dit qu’étudier ne servait à rien et avait jeté tous ses livres et notes à la poubelle, mais s’était précipité de les récupérer un peu plus tard.

Bien entendu, tout ça n’était que des détails, et cela n’avait pas impliqué plus que des avertissements dans le pire des cas.

Le lundi matin, je me préparais à aller en cours comme d’habitude.

Je voulais pousser tout le monde à vivre normalement.

Il fallait que je fasse en sorte que tout se passe bien.

C’étaient des gens bien.

Je ne devrais pas avoir peur de ça si j’étais quelqu’un de bien moi aussi.

Alors, tout ira bien si tout reste à sa place.

Et puis, moi aussi je devrais – bien entendu, je n’étais pas crédule, je ne pouvais pas me permettre d’avoir une confiance aveugle aux humains.

Je comprenais que ce monde dans lequel je vivais était rempli d’ennemis.

Pourquoi ? Parce que l’humanité était sombre.

Pourquoi ? Parce que j’appartenais à ces ténèbres.

Pourtant, j’avais admis que c’étaient des gens bien, non ?

Qui sait ? J’ignorais la vérité.

Ou plutôt, j’ignorais même quel genre de personne j’étais.

□■□■□

Lors de la pause à la fin du deuxième cours, Iori Nagase retourna dans sa classe pour dire quelque chose à Taichi Yaegashi : – Je suis allée voir dans la classe de la 2nde A. Ils ont dit que Yui était toujours pas revenue en cours.

— Oh…

Sans compter le weekend, cela faisait quatre jours de suite que Yui Kiriyama n’était pas venue en cours. Taichi ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle.

— Quand je l’ai appelée, elle m’a dit qu’elle allait bien.

Alors que Nagase murmurait, Himeko Inaba s’approcha d’eux.

— J’espère qu’elle a pas craqué.

— Comment ça… craqué ? demanda Taichi à Inaba.

— Je veux dire genre péter un câble comme la dernière fois.

Craquer et péter un câble n’étaient pas de trop pour décrire leur situation.

— Il faut qu’on aille lui rendre visite même si elle veut pas. Je connais son adresse en plus, dit Nagase, terriblement perturbée.

— Ok, on va faire ça,

acquiesça Taichi nerveusement.

— Faites pas cette tête alors qu’on sait même pas comment ça va se passer. Il faut sourire ! Si on va la voir avec des têtes d’enterrement, elle va se renfermer sur elle-même, et notre plan va tomber à l’eau. Il faut qu’on soit joyeux, ok ? dit Inaba en souriant tout en regardant les visages de Taichi et Nagase.

Une mystérieuse pensée traversa l’esprit de Taichi en voyant son sourire : c’était elle la plus fragile.

□■□■□

La maison de Kiriyama était une maison de deux étages située dans une zone pavillonnaire.

— Allô…

La personne leur avait répondu la deuxième fois que Taichi avait pressé la sonnette d’entrée. La voix était rauque et dépourvue d’énergie, mais c’était sans conteste celle de Kiriyama. En l’entendant, Taichi se sentit un peu soulagé.

— Kiriyama-san. Viens t’amuser avec nous ! s’exclama Nagase comme une enfant de primaire. Bien que sa voix sonnait un peu faux, elle avait vraiment fait démonstration d’une grande gaieté.

— Hein ? Quoi ? C’est toi, Iori ? Qu’est-ce que tu fais là ?

Kiriyama semblait surprise par cette visite imprévue.

— Oh, je suis là aussi ! Avec Inaba-chan et Taichi.

Tout en se rapprochant, Yoshifumi Aoki fit un geste de salutation en direction des enceintes.

— Y’a pas de caméra, tu sais, commenta Taichi, tout en se demandant si Aoki s’en était rendu compte.

— Oh, salut. Alors tout le monde est là ?

— On est venus te voir. Tu peux nous laisser entrer ? Sauf si on dérange ta famille bien sûr, demanda Nagase tout en poussant Aoki de côté.

— Je suis toute seule… mais c’est non ! Allez-vous en, s’il vous plait !

Sa voix tremblottante ne résista pas à sa volonté de les faire partir.

— Est-ce parce que les garçons sont là ? Et si seules Inaban et moi entrons ?

— Non, ça n’a rien à voir avec ça. Quoi qu’il en soit, je peux pas vous laisser entrer.

— Mais pourquoi ?

— Cet uniforme… Oh, vous êtes des amis de Yui ? Est-ce que je peux vous aider ?

Quelqu’un, vraisemblablement la mère de Kiriyama, venait juste d’arriver. Kiriyama semblait s’être enfermée dans sa chambre ces derniers temps. C’était la pire des décisions dans cette situation.

— Allons, Yui ! Ouvre la porte maintenant ! Tes amis sont venus te rendre visite ! cria la mère de Kiriyama tout en toquant à la porte.

— Non ! Fais-les partir ! Un violent hurlement se fit entendre de l’autre côté de la porte.

— Je suis vraiment désolée. Elle s’est enfermée dans sa chambre dernièrement et refuse d’en sortir… dit la mère de Kiriyama avec un air désolé tout en baissant la tête. Elle avait l’air encore plus petite maintenant.

— C’est la première fois que ça arrive. C’est sûrement à cause de l’interrogatoire qu’elle a subi.

— Tout va bien, madame. Je pense qu’elle est juste encore un peu sous le choc. Elle va vite s’en remettre.

Inaba lui esquissait un sourire de femme d’affaire – il semblerait qu’elle était capable de faire ce genre de choses quand elle le voulait.

— Alors… faites-nous confiance, madame !

— Aoki, t’es pas obligé d’insister sur le « madame »… Enfin, laisse tomber.:abbr:` (Le mot utilisé ici en japonais pour « madame » peut également signifier « belle-mère ».)`

Taichi avait abandonné en cours de route, car il s’était dit que cela risquait d’empirer les choses.

— Merci du fond du cœur… remercia la mère de Kiriyama en inclinant profondément la tête.

— De rien, répondirent-ils modestement.

— Alors, peut-être que je ferais mieux de vous laisser. Je vais attendre en bas. Prévenez-moi en cas de problème.

Sur ces paroles, la mère de Kiriyama descendit, son dos empreint d’une aura de solitude. En la regardant de près, on pouvait également voir que son visage était un peu pâle. Bien qu’eux seuls étaient directement impliqués par le phénomène, il commençait déjà à affecter leur entourage.

— Yui, tu devrais pas inquiéter ta mère comme ça, dit Nagase avec une voix étrangement en colère. Peut-être que comme la mère de Nagase avait divorcé à plusieurs reprises, et qu’elle élevait désormais seule sa fille, cette dernière avait une connaissance approfondie des relations mère-fille.

— Enfin bref, Yui. Il faut qu’on cause. La situation est devenue un peu plus compliquée maintenant. Aoki tentait de la convaincre par une autre approche, mais Kiriyama refusait toujours de céder.

— Allez-vous en. J’apprécie votre gentillesse. Mais laissez-moi plus de temps. Je vais bientôt revenir en cours.

— Hmph. Fait chier.

Inaba tourna la tête tout en se redressant.

— Qu’est-ce qui te prend ? demanda Taichi tout en reculant d’un pas.

— Rien. Je suis juste sur le point de prononcer les mots magiques qui la feront sortir de là.

— Comment ça ?

— Ahem. Bref, commençons. Ouvrez grand vos oreilles, je vais dévoiler les secrets de Yui Kiriyama un par un. Tout d’abord, ses mensurations…

Click.

— Une seconde, une seconde ! Je vais vous laisser entrer. Attends !

— Pff. Si t’avais commencé par ça, on n’aurait pas perdu tout ce temps.

Taichi pouvait concéder que Kiriyama avait immédiatement agité le drapeau blanc.

Comme roulée en boule, Kiriyama était assise sur son lit les mains agrippées à ses genoux. Elle portait un survêtement – c’était le genre de tenue décontractée qu’on porte chez soi. Sa chevelure châtain habituellement soigneusement coiffée était complètement ébourriffé, et son visage témoignait également d’une grande fatigue.

Maintenant que Taichi et les autres étaient assis sur le sol, la pièce semblait un peu étroite.

— Pardon d’être venus sans prévenir. On était vraiment inquiets pour toi, Yui.

— C’est pas grave, Iori. Tout le monde ressentirait la même chose pour quelqu’un qui s’est enfermé chez lui sans raison particulière.

Kiriyama serra fermement son oreiller à motif de fleur contre elle tout en secouant la tête.

— Tu te sens mal ? Est-ce que quelque chose te dérange ? Si oui, on reviendra. Oh, au fait, t’as un gros bouton sur le front. Est-ce que c’est pour ça que…

— Non, non, non ! Regardez pas ! Aaah !

Suite à la remarque d’Aoki, Kiriyama se dépêcha de recouvrir son front avec ses mèches et ses mains.

— C’était… la pire erreur de ma vie.

— Tu t’es goinffrée de cochoneries ?

En entendant la supposition d’Inaba, Kiriyama poussa un cri et se laissa tomber sur le lit. Elle avait visiblement vu juste.

— Eh bien… Hier, j’ai eu envie de manger des bonbons. Ça m’arrive assez souvent, mais cette fois-ci, j’ai pas pu m’en empêcher. Et après avoir vu la quantité de calories ingurgités après ça, je savais que c’est la mort qui m’attendait.

Peut-être que le désir de manger des bonbons s’était déchaîné alors qu’elle avait faim.

— Tu vas pas me dire que c’est pour ce pauvre bouton que tu sèches les cours, si ?

— Comme si j’allais sécher pour ça ! s’écria Kiriyama en se levant pour contester les paroles d’Inaba.

— Alors, ça serait à cause d’une libération de désir causée par « Pois de cœur » ? demanda Inaba distinctement.

Le corps de Kiriyama tout entier trésaillit, tandis que son visage devint pâle comme un linge. On pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Mais c’était par conséquent peu évident de communiquer avec elle. Pour autant, le silence n’était pas la solution.

— Yui, ça a dû être une sacrée épreuve pour toi, la réconforta Aoki.

— Est-ce que ce déchaînement pourrait avoir de graves conséquences ? se demanda Taichi.

Des larmes montèrent aux yeux de Kiriyama, ses sourcils s’inclinant tristement vers le bas.

— Taichi, le tact, tu connais ?

Iori fusilla Taichi du regard.

— Ah. Désolé.

— Je pense que ça ira. Au moins, c’est mieux que de passer sa journée à ruminer dans son coin.

— On peut pas traiter Inaban et Yui de la même façon, voyons.

Inaba se contenta d’acquiescer en direction d’une Nagase agacée avant de continuer : – Du coup, Yui, quel rapport entre le déchaînement de désir et le fait que tu t’enfermes dans ta chambre ? Tu nous en as déjà trop dit, alors tu vas pas t’arrêter en si bon chemin, si ? Y’aurait rien d’anormal à se terrer ici contre son gré.

Kiriyama baissa les yeux et acquiesça.

— Haha. C’est pas le moment. Tout le monde connait ça.

— Mais c’est parce que je refuse de faire du mal aux autres.

De grosses larmes se mirent à couler des yeux de Kiriyama. La chose qui lui faisait le plus peur au monde était de blesser quelqu’un d’autre. Ses sentiments étaient transmis avec une profonde douleur.

— C-Ce jour-là, j’ai vu cette fille être embêtée par des garçons. J’ai alors pensé que c’étaient vraiment des salauds, et que je devais faire quelque chose pour l’aider. Et c’est là que j’ai pété un câble après avoir entendu ce bruit…

— Mais c’est à cause de « Pois de cœur » ça.

Alors que Nagase tentait de la rassurer, Kiriyama l’interrompa et cria : – Mais je voulais vraiment leur mettre une raclée !

Les sentiments provenant du cœur sont généralement les plus purs. C’était donc suffisant pour faire ressentir de la culpabilité et de la peur.

— En plus, j’ai une profonde aversion pour les garçons. Si ça venait à se reproduire, je sais pas de quoi je serais capable. Je suis morte de peur. Comment je pourrais avoir le courage de sortir d’ici ?

Taichi se disait que c’était tout à fait compréhensible, mais l’instant d’après…

— Arrête de jouer les victimes, cria Inaba, le visage rempli de haine et de dégoût.

> Arrête d’essayer de fuir en te terrant dans ta chambre comme un rat mort.

Inaba la fusillait d’un regard si noir qu’il donnait l’impression de transpercer Kiriyama de toutes parts. Inaba semblait avoir perdu le contrôle. (C’est pas son genre, non ? Ou est-ce que ça serait dû à un déchaînement ?)

— M-Mais c’est plus sûr pour tout le monde si je croise personne, non ?

— Tu comprends la situation dans laquelle on se trouve ? Hein ? J’ai pas l’impression.

Inaba s’approcha petit à petit de Kiriyama.

— Attends, Inaban !

— In-Inaba-san !

— Du calme, Inaba !

Nagase, Aoki et Taichi tentèrent de l’arrêter, mais en vain.

— On est sous la coupe de ce fumier de « Pois de cœur ». Et ce type veut rendre les choses plus intéressantes, d’où ces conneries d’échanges de personnalité et de déchaînements de désir. Tu me suis jusque-là ?

Écrasés par la voix oppressante d’Inaba, personne n’osa dire un mot. Inaba continua de parler sans bouger. Taichi ne savait pas comment réagir.

— En soi, c’est une bonne idée de fuir les problèmes en s’enfermant chez soi, mais justement parce que c’est la meilleure stratégie, c’est en fait la pire des solutions.

« Est-ce que s’enfermer chez soi est contraire aux règles ? » La question d’Inaba en direction de « Pois de cœur » résonnait dans son esprit.

— Ça serait pas un souci si tu te trouvais dans un endroit où y’a rien ni personne. Ça pourrait être notre meilleure défense tout étant notre attaque.

Inaba se leva, avant de poser un pied sur le lit de Kiriyama et de continuer à parler : – Mais d’après toi, est-ce que tu crois que ce type trouverait ça intéressant ?

Ils ignoraient tout de ce qui pourrait intéresser « Pois de cœur » et de sa façon de penser, mais ils pouvaient deviner que faire ça ne l’intéresserait pas beaucoup.

— Je répète ma question : est-ce que ce type trouverait ça intéressant ? Si non, qu’est-ce que tu crois qu’il ferait ? Il pourrait très bien avoir un plan B en réserve. Je vois trois possibilités si jamais ça l’intéresse pas : soit il laisserait tomber, soit il changerait les choses jusqu’à ce que ça l’intéresse, soit il a le pouvoir de rendre les choses plus intéressantes d’une façon ou d’une autre.

(Elle a analysé le problème jusqu’à quel point ?) Taichi avait un peu le souffle coupé.

— J’ai essayé de demander à ce type si s’enfermer chez soi était dans les règles, et il m’a répondu que ça pourrait être intéressant, mais qu’il ferait en sorte de rendre les choses encore plus intéressantes si nécessaire.

En oubliant même de pleurer, Kiriyama restait figée sur place, le corps complètement dépourvu d’énergie.

— Autrement dit, jamais il opterait pour l’option un, donc ça serait soit la deux soit la trois. Mais peut-être qu’il ment, vu qu’on peut pas lui faire confiance. Mais peut-être que non. Ce qui compte, c’est qu’il en a le pouvoir.

La performance d’Inaba allait enfin atteindre son paroxysme.

— T’as l’intention de te terrer dans ta chambre pour éviter les déchaînements ? Ou tu veux un truc encore plus pire que ça ?Tu te rends compte des problèmes que tu vas causer aux autres pendant que t’as la belle vie ? Allez, réponds-moi !

— Je sais pas… quoi faire…

Kiriyama éclata en sanglot, le visage complètement dévasté.

— Arrête de jouer les petites princesses. Va pas croire que quelqu’un va voler à ton secours juste parce que tu te mets à pleurer !

Cette remarque porta le coup de grâce final à Kiriyama.

— Inaban ! Tu dépasses les bornes là !

Nagase tentait d’arrêter Inaba, mais le mal était déjà fait. En larmes, Kiriyama s’enroula dans ses draps. Elle ne pouvait même plus soulever son corps. Malgré tout, elle faisait de son mieux pour pleurer en silence. C’était déjà difficile de simplement la regarder. Après avoir fini de parler, Inaba resta silencieuse. Nagase se jeta dans le lit pour caresser Kiriyama comme pour prendre soin d’un objet fragile. Avant ça, Inaba avait déjà retiré son pied du lit. Taichi jeta un œil au visage d’Inaba. Il était pâle comme un linge, et dépourvu de la violence de l’instant précédent. Elle se mordait si fort les lèvres qu’elles étaient sur le point de saigner. Taichi avait déjà perdu l’occasion de l’interpeller étant donné son expression totalement abattue et triste. Puis, Inaba se laissa tomber à côté du lit de façon grossière.

La raison pour laquelle elle avait prononcé ces mots durs était sûrement dû à un épisode de déchaînement de désir. Si elle avait été dans son état normal, même si elle pouvait être dure parfois, elle n’aurait jamais employé ce genre de méthode sur Kiriyama.

— Pardon Yui. C’est pas ce que je voulais dire. Non, en fait, je devrais pas être aussi énervée. Je viens d’avoir un déchaînement. Et Yui… Je sais que à quel point c’est dur de faire du mal aux autres contre son gré, et pourtant, j’ai dit tout ça sans prendre de gants… C’est de ma faute. Pardonne-moi.

Inaba avait tant bien que mal prononcé ces mots, tout en en tendant une main en direction de Kiriyama dans le même temps.

— Mais, Inaba, tu le pensais vraiment, non ? dit Kiriyama de façon hâchée tout en pleurant.

La main qu’Inaba avait tendue s’arrêta l’espace d’un instant et se mit à trembler, puis descendit lentement avant d’atteindre Kiriyama. Taichi ne pouvait s’empêcher de craindre ce qui les attendait. Le déchaînement de désir pouvait blesser les gens au point de détruire les relations qui les unissaient. Ce jour-là, ils avaient échoué dans leur entreprise de faire sortir Kiriyama de sa chambre.

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