Postface#

On dit qu’un idiot ne peut jamais guérir, même après sa mort.

Mais j’aime le voir de façon un peu plus optimiste. Quelque chose du genre « Un idiot guérit au moment de sa mort. »

On a beau les appeler des idiots (ou tout autre synonyme), il existe en réalité beaucoup de types différents. L’idiot dont je parle ici est celui qui a construit son propre enfer.

En premier lieu, ce qui caractérise cet idiot, c’est qu’il est profondément convaincu qu’il ne pourra jamais être heureux. Quand elle s’aggrave, cette conviction peut même devenir « je ne devrais pas être heureux », jusqu’à se transformer en « je ne veux pas être heureux », le malentendu le plus destructeur.

Une fois ce point atteint, il n’y a plus rien à faire. Ces idiots deviennent tellement habitués au mécontentement, qu’aussi heureux soit leur environnement, ils trouvent toujours le moyen d’éviter le bonheur.

Comme tout ceci se produit dans le subconscient, ils croient que ce monde est un enfer – alors qu’en réalité, ce sont eux-mêmes qui en font un enfer à chaque pas qu’ils font.

Je suis moi-même l’un de ces créateurs d’enfer, c’est pour cette raison que j’y crois, mais ces idiots ne sont pas près de guérir. Pour quelqu’un qui a fait de son malheur une part de son identité, ne plus être malheureux revient à se perdre. L’apitoiement sur son propre sort dont ils se servent pour faire face au malheur finit tôt ou tard par devenir leur seul plaisir, et ils recherchent activement le mécontentement à cette fin.

Hélas, comme je l’ai dit au début, je crois que ces idiots guérissent au moment de leur mort. Pour être plus précis, ma pensée est la suivante, « juste avant la mort, je suis persuadé qu’ils guérissent. »

Les plus chanceux peuvent avoir la chance de guérir bien avant que ça n’arrive vraiment, mais mêmes les plus malchanceux, quand ils se rendent compte de l’inéluctabilité de leur mort et qu’ils sont libérés des chaines du « devoir vivre dans ce monde » – enfin, du coup, ne sont-ils pas également libérés de leur propre stupidité ?

Je décris ce point de vue comme optimiste, mais en y regardant de plus près, on pourrait très bien le qualifier de pessimiste aussi. La première fois qu’il en vient à aimer ce monde est au moment où sa mort est imminente.

Cependant, je considère qu’à travers les yeux de cet « idiot qui a guéri, mais trop tard », tout est désespérément magnifique.

Plus les regrets et le chagrin, du genre « dire que je vis dans un monde aussi beau que celui-ci » ou « alors que j’ai fini par tout accepter », sont profonds, plus le monde apparait comme cruellement magnifique en retour.

Je pense en permanence à la façon dont je voudrais décrire ce genre de beauté.

Du moins, ici, dans « Trois jours de bonheur », bien qu’on pourrait croire que je me suis servi de cette histoire pour parler de la valeur de la vie, le pouvoir de l’amour et autre… Pour être franc, ce n’était pas mon intention le moins du monde.

Miaki Sugaru