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Il est urgent d’unifier les normes

On était au beau milieu de la nuit, mais mon portable sonnait.

J’entendis la voix endormie de mon petit frère venir du lit en-dessous du mien.

— Onee-chan. Ton téléphone sonne.

— Le tien aussi. C’est quoi ? Une autre alerte au méchant mystérieux ?

— T’es une magical girl, non, onee-chan ? Tu peux pas y faire quelque cho… Zzz zzz.

— Je suis en charge des monstres surnaturels, ces créatures contrôlés par les ténèbres. Les méchants mystérieux sont de ton ressort, non ? Dépêche-toi de tirer la sonnette d’alarme pour appeler ce motard.

Si je retirai mon bonnet de nuit et me changeai dans mon costume de magical girl, j’avais l’impression que c’était comme admettre ma défaite. Je tirai le couverture par-dessus ma tête sur le lit du dessus.

Juste après, j’entendis un grondement au loin. Ce n’était pas un tremblement de terre. Les vibrations à intervalle régulier secouèrent notre petite maison.

— Onee-chan.

— C’est au groupe des cinq personnes en collant de s’occuper des démons qui se sont transformés en géants ! Arg ! Pourquoi ils prennent pas leur robot combiné avec eux quand ils partent de leur base secrète ?! Et puis, pourquoi ils le combinent pas dès le départ ?!

Plus d’un type de méchants arpentaient ce bas monde et ils avaient chacun leur propre faiblesse. Une seule et grande organisation telle que la police ou l’armée ne pouvait pas se charger d’eux.

Tout comme la police était faite pour attraper les criminels, les magical girls s’occupaient quant à elles des monstres surnaturels, les motards des méchants mystérieux, et les groupes de cinq personnes en collant des démons.

Une unification des normes avait été accomplie jusqu’à un certain niveau, mais cela n’allait pas si loin.

Vu que les alertes envoyées aux portables provenaient de diverses organisations différentes, ils sonnaient à longeur de journée.

Je jetai un regard à travers la fenêtre d’où la lumière de la lune emplissait la pièce et j’aperçus quelqu’un atterir sur la balustrade du balcon. L’étrange personne semblait être sur le point d’ouvrir la fenêtre et d’entrer, alors je pris l’initiative et m’adressai à lui.

— … À quoi vous jouez ? On est au Japon ici. On n’a pas besoin d’Occidentaux en collant.

— Désolé, mais nos problèmes ont déjà atteint l’échelle mondiale. Ce n’est plus le moment de faire l’autruche.

— Onee-chan. J’ai reçu une alerte de l’étranger.

— Clique pas dessus ! Ne fais rien avant de savoir si tu vas pas devoir payer du hors forfait !!

Je n’eus pas d’autres choix que de consulter le manuel en ligne du portable pour vérifier si cela allait engendrer du hors forfait.

Pendant ce temps, je me rappelai que j’avais un test d’anglais le lendemain.

— Hé, la magical girl du Cool Japan.

— Qu’est-ce qu’il y a, le macho de comics américain ?

— J’ai l’impression qu’un de vos potes robot géant a commencé une guerre d’indépendance là-haut en orbite autour de la Terre.

— Hein ? Je croyais que les robots tombaient dans la catégorie des héros transformeurs ?

— Un garçon qui vivait une vie complètement normale jusqu’à hier s’est retrouvé on ne sait trop comment dans un robot humanoïde et ça a activé des nouvelles fonctionnalités encore jamais vu auparavant, mais je suppose qu’on pourrait le prendre pour un des robots de ce groupe en collant.

— Bah, de l’extérieur, difficile de dire qui est à l’intérieur.

— En parlant de ça, je ne comprends pas comment vous autres magical girls faites pour garder l’anonymat. Vos visages sont complètement visibles.

— On y arrive plus ou moins grâce au pouvoir de l’amour. Enfin bref, comment ça se passe avec le robot là-haut ?

L’occidental en collant leva le regard au ciel nocturne.

— Ceux qui ne peuvent pas résister plus longtemps semblent être sur le point de descendre sur Terre. Ces robots tombent sous la juridiction du gouvernement japonais, alors je me demande comment ils vont régler ça.

— Ils ne peuvent pas continuer ça dans l’espace ?!

— J’aimerais bien savoir pourquoi les gens de ce pays qui sont en charge des problématiques spatiales semblent ne jamais rater une occasion de balancer de gros robots sur Terre depuis l’espace.

J’ignorais pourquoi il me posait la question à moi. J’étais une magical girl. Je frappai légèrement mon lit et le représentant des garçons, mon petit frère, ouvrit sa bouche mollement dans le lit du dessous.

— Fnyahh. C’est parce qu’ils ont des rêves…

— Hm. Peut-être que c’est comme le gringalet qui veut se la jouer devant le capitaine de l’équipe de foot.

Tandis qu’il était en admiration devant des concepts occidentaux, de nouvelles alertes arrivèrent sur nos portables, les faisant sonner, encore et encore.

— La ferme… Vous pouvez pas faire quelque chose pour ça ?

— Ce sont des messages d’urgence, alors on ne peut pas les désactiver comme ça.

— Oui, mais dans ce cas, on pourrait pas tout unifier de façon à ce que tout soit réglé avec une seule alerte ?

— Qu’est-ce que tu racontes ? Les gens en collant et les magical girls ont leur propre scène où briller. On peut pas nous demander de tout résoudre en un épisode de 30 minutes.

— Certes. Mais peut-être que ça serait pas une mauvaise idée de faire des crossovers de temps à autre.

— Excuse-moi, mais je ne suis pas encore tombé bas au point d’enlacer une gamine comme toi.

— Han, tu vas voir !! Je vais te montrer pourquoi les magical girls du Japon sont des sources de revenus stables pour l’industrie du divertissement !!

— Fgyaahhh !! Mais laissez-moi dormir. Je vais appeler le motard !!

Visiblement, mon petit frère dans le lit du dessous avait tiré la sonnette d’alarme. Les portables étaient déjà bien pénibles, mais une autre sonnerie assourdissante s’ajouta à la cacophonie ambiante.

J’entendis la porte d’entrée être enfoncée, quelqu’un grimper les escaliers, puis la porte de notre chambre s’ouvra brusquement. Un japonais en collant au volant d’une moto géante entra dans la pièce.

Je me saisis instinctivement de ma baguette magique.

— Le bruit que fait ce moteur est des plus pénible !! Il est temps de se mettre en phase avec son temps et d’utiliser un moteur électrique !!

— C’est pas le moment pour ça !! La situation a vraiment empiré dehors !!

— Je croyais que vous étiez en charge des méchants en collant de ce pays ? demanda l’occidental en collant.

Cependant, ce n’était apparemment pas là où voulait en venir le motard.

— Mes méchants mystérieux, ses monstres surnaturels, et les démons du groupe des cinq se sont unis avec l’armée du robot pour gagner leur indépendance vis-à-vis de la Terre !!

— Ils se sont unis ?!

— En plus de ça, ils ont fait pression sur l’UE pour qu’ils jugent Sôma Industries pour concurrence déloyale. C’est la principale société de défense qui développe et nous fournit nos équipements. Si ça continue, ils risquent bien de devoir payer des milliards d’euros d’amende en plus d’être obligés de partager leur savoir technologique !! Le groupe n’aura alors plus qu’à mettre la clé sous la porte !!

— Geh ! Ma société de divertissement appartient également à Sôma Industries, non ?!

— Tu t’en sortiras même sans ! Qu’est-ce que je suis censé faire pour ma moto, moi ?!

— Ben ça alors. Le Japon n’accorde pas beaucoup d’importance à sa défense nationale. Si vous voulez mon avis, il faut garder à l’esprit que quand il est question de développement militaire, les sociétés sont bien plus que de simples sociétés. Et donc, ça ne sera pas si-…

— Hé, le comics boy américain. La société d’armes à feu qui est ton principal sponsor vient tout juste devoir rappeler deux millions d’unités. Je suis sûr qu’ils vont réagir, mais leur action s’est écroulé. Tu crois vraiment que ce film sur toi est encore d’actualité ?

— Fwoooooooooooooooooooooooooooohhhhhhh !!

Le cri de détresse de l’homme en collant résonna dans la nuit.

Hélas, une magical girl ou quelqu’un en collant ne pouvait rien faire pour ces histoires de gros sous. Tout comme les policiers étaient en charge des criminels et non des méchants mystérieux, les héros déguisés comme nous n’avions aucun moyen de résoudre des problèmes de prix d’action ou de récession mondiale.

Alors que les héros protecteurs du monde se turent et se demandaient quoi faire…

… La porte de la pièce s’ouvrit brusquement.

Debout là se trouvait le pillier de ma famille à l’apparence minable. Il portait des lunettes, un costume décrépi et avait une mèche rabattue, mais il serra sa cravate avec une vive énergie.

Cet homme de 45 ans qui semblait avoir passé sa vie comme chef de service dans une société de second rang après avoir obtenu son diplôme dans une université de seconde zone se mit à parler.

— Papa va aller se battre, alors ne vous en faites pas. Retournez juste dormir.

Les héros semblaient être étrangement monnaie courante.

Tous les jours, des gens jouent leur vie dans leur domaine de compétence.