Attraction 02#

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Pari du cache-cache

— Avant le début de l’attraction, merci de remplir ce questionnaire. Deux équipes de cinq vont jouer à cache-cache pendant 30 minutes. Si tous les personnes qui se cachent sont trouvées, l’équipe des chasseurs l’emporte. Si ne serait-ce qu’une seule personne n’est pas trouvée, c’est l’équipe des proies qui gagne. Dans ses conditions, quelle équipe va l’emporter d’après vous ?

Je sentais que le facteur le plus primordial du cache-cache résidait dans la taille et la complexité du terrain, mais il n’y avait aucune description à ce sujet. Néanmoins, j’ai toujours été bon pour me cacher. Pour cette raison, je choisis l’équipe des « proies » sans trop y réfléchir.

En y repensant, j’aurais dû me rendre compte plus tôt que l’attraction avait déjà commencé.

On me banda les yeux, me fit monter à l’arrière d’un camion d’une société de transport appelée Transport Direct, et emmené quelque part.

Quand on me retira le bandeau, la première chose que je vis fut l’épave rouillée d’une grande roue.

Le cris des corbeaux me perçaient les tympans.

— Bon, bon, bon. Que l’attraction commence ! dit une bunny girl avec une voix claire tout en se tenant au milieu d’armoires à glace vêtues d’uniformes de travail Mes amis, regardez bien les brassards sur votre bras droit. Rouge signifie que vous êtes un chasseur et bleu que vous êtes une proie. Bien, rassemblez-vous par groupe maintenant.

J’avais un brassard bleu sur mon bras droit.

Ce qui signifiait que j’étais une proie.

On s’aligna comme demandé par la bunny girl. Les proies avec le brassard bleu étaient constituées d’un groupe de deux hommes et trois femmes tandis que les chasseurs avec le brassard rouge était un groupe de quatre hommes et une femme.

La bunny girl continua rapidement ses explications d’une voix joyeuse.

— Bien, les chasseurs sont Masuo Tanaka-san, Tadakage Satô-san, Kyôko Inoue-san, Shizuyuki Kinoshita-san et Ryûjin Kawamo-san. Les proies sont Megumi Yamada-san, Hatsuko Akaumi-san, Kensuke Hasebe-san, Jirô Tobukuro-san et… oh, on a deux Tanaka. Le deuxième est Mitsu Tanaka-san. Voici les dix participants de cette attraction.

Cette explication ne disait pas vraiment qui était qui.

Et la bunny girl semblait s’en ficher.

On pouvait travailler ensemble ou chacun pour sa peau, ça lui faisait une belle jambe.

— Le théâtre du cache-cache est tout ce qui se trouve sur le terrain du parc d’attraction. Les chasseurs vont recevoir des appareils photo digitaux bas de gamme. Toute proie prise en photo avec sera considérée comme capturée. Nous déterminerons si la photo est valide. Les proies sont libres de changer de cachette tant qu’elles n’ont pas été capturées. Mais si bouger les fait repérer, ça n’en vaut pas la peine.

— …

— Les chasseurs vont attendre ici pendant que les proies auront 30 minutes pour se cacher. Les chasseurs auront les 30 minutes suivantes pour trouver les proies. Parviendront-ils à trouver tout le monde dans le temps imparti, ou au moins une personne arrivera à leur échapper ? Cela déterminera les vainqueurs de cette attraction, alors bonne chance.

Le bruit strident d’un sifflet résonna.

Il provenait de celui que la bunny girl avait dans la bouche.

J’étais une proie, alors je devais m’enfuir par moi-même comme indiqué. Contrairement aux chasseurs, il y avait peu d’utilité pour les proies à se rassembler dans un seul endroit. Si un seul d’entre nous surivivait, on gagnait, alors nos chances étaient meilleures si on restait le plus éloigné possible les uns des autres.

— Bon, et maintenant…

L’attraction la plus remarquable de ce parc d’attraction abandonné et rouillé était la grande roue, mais mon regard s’arrêta également sur les rails du grand huit passer à travers le sol. En plus des bâtiments comme la maison hantée et la chute libre, se trouvait une section avec des restaurants et une grande galerie commerciale pour acheter des souvenirs.

Vu qu’on jouait à cache-cache, j’avais besoin d’aller dans un bâtiment.

La première décision que je devais prendre était…

— Est-ce que je devrais rester dans un endroit ou beaucoup bouger ?

Si j’avais l’intention de rester dans un endroit sans bouger, je devais me glisser dans un endroit où personne ne penserait chercher. Par exemple, le tunnel du grand huit. Un endroit qui était normalement interdit au public à cause du danger, mais il devait être sûr tant que le train ne roulait pas.

Mais si je me cachais dans un endroit pareil, je n’allais pas être en mesure d’évaluer la situation et il allait être compliqué de s’échapper si jamais j’étais sur le point de me faire repérer. C’était du tout ou rien.

Si j’avais l’intention de me déplacer, j’allais devoir trouver un endroit où il y a constamment un grand nombre de sorties. Cela allait me permettre de m’enfuir dès que je sentais que j’allais être trouvé. Mais ce genre d’endroits serait également plus facile d’accès pour les chasseurs, alors j’avais un grand risque d’être repéré.

Les deux options avaient leurs avantages et leurs désavantages.

Alors que je pesais le pour et le contre de chacune des deux, une voix m’interpella par derrière :

— Hé. Hé toi là !

— ?

Je me retournis et aperçus une fille qui devait être étudiante à l’université s’approcher de moi.

— T’as un brassard bleu, alors t’es une proie aussi, pas vrai ? Je m’appelle Yamada, et toi ?

— Hasebe, répondis-je.

— Hasebe, hein ? J’espère que t’as pas l’intention de te planquer dans un endroit casse-gueule du style monter en haut du pillier soutenant la chute libre pour pas qu’ils te voient d’en bas.

— Ça serait un problème ?

Je n’avais pas encore trancher, mais j’avais décidé de continuer la conversation.

Yamada-san fronça des sourcils et dit : – T’as pas écouté les règles ? Les chasseurs ont juste besoin de nous prendre en photo pour nous capturer. Même si on se cache dans un endroit où ils peuvent pas t’atteindre, une simple photo et t’es mort.

— Maintenant que tu le dis…

Quand je cogitais un peu plus sur l’appareil photo, un autre problème me frappa.

— Dans ce cas, on aura un gros désavantage si un des chasseurs grimpe dans un endroit élevé pour pouvoir photographier tout le parc ?

— Bien sûr. Oh, au fait, t’as vérifié ta montre ?

— ?

— Allez quoi, c’est la plus basique des précautions. Les proies se cachent pendant les 30 premières minutes et les chasseurs cherchent pendant les 30 suivantes. Mais si l’un des chasseurs utilisait un sifflet ? Ils pourraient ensuite se contenter de photographier n’importe quel proie qui sortirait sans réfléchir.

C’était quelque chose que je n’avais pas considéré avant qu’elle ne me le dise.

Mais étant donné la récompense pour cette attraction, il y avait de fortes chances qu’ils tentent ce genre de coups bas.

Les vainqueurs allaient empocher 200 millions de yens chacun.

L’équipe perdante toute entière allait être exécutée. J’ignorais comment ce qui lui attendait exactement, mais je doutais qu’ils ne le fassent de façon rapide et sans douleur. Après tout, ils avaient pris toute cette peine pour nous attirer avec ce pactole.

Cette attraction allait mener soit au paradis soit en enfer.

— Le sifflet résonnera à exactement 4h30. Assure-toi de te servir de cette heure comme base. Je suis une proie, moi aussi, alors je veux le plus de survivants possibles.

C’était une attraction cruelle où des vies humaines étaient en jeu, mais il y avait au moins une distinction claire entre alliés et ennemis. Si notre équipe l’emportait, chaque membre allait être récompensé, alors aucun d’entre nous n’avait d’intérêt à trahir.

— J’y vais alors. Essaye de pas de faire prendre.

Je regardai Yamada-san de dos alors qu’elle se dirigeait vers la galerie marchande, mais je me remémorai soudain que je n’avais pas de temps à perdre.

Les proies avaient peu d’intérêt à travailler ensemble, mais les chasseurs, eux, avaient tout à y gagner.

Par exemple, si l’un d’entre eux grimpait dans un endroit élevé pour surveiller le parc de haut, il pouvait couvrir presque l’ensemble de la zone extérieure. Si les autres chasseurs se mettaient alors à fouiller la maison hantée et autres bâtiments, ils pouvaient facilement trouver la majorité des proies.

Les espaces en intérieur sont restreints.

Peu importe où on se cache, on peut être trouvé si on fouille l’endroit dans ses moindres recoins.

Il était possible que les quatre chasseurs restants n’aient pas le temps de fouiller tous les bâtiments dans le temps imparti, mais il était trop dangereux de se fier à une supposition.

Si je perdais, j’étais mort.

Non, même si je n’avais pas pris part à cette attraction, ma ruine serait arrivée bien assez vite sans ce prix.

Je n’avais pas d’autres choix.

Si je ne gagnais pas ici, c’en était fini de moi.

J’allais devoir faire tout mon possible pour gagner. Et tous les autres participants, proie comme chasseur, ressentaient la même chose.

Je n’allais jamais gagner si je considérais ce jeu comme un cache-cache normal.

J’avais besoin d’une méthode plus retors, plus sûre de m’assurer qu’on ne me trouve pas.

— … Une seconde.

Si je n’entrais pas dans un bâtiment, j’allais être repéré par le guet depuis son poste en hauteur.

Si je me cachais à l’intérieur, j’avais de grandes chances d’être trouvé vu qu’ils allaient fouillé attentivement chaque bâtiment.

Mais…

Et s’il y avait une troisième option qui n’était ni à l’intérieur ni à l’extérieur ?

Les 30 minutes arrivèrent à leur terme.

Un coup de sifflet distant signifia la fin de la première phase.

Plusieurs bruits de pas précipités se firent immédiatement entendre.

Au moins l’un des chasseurs allaient vraisemblablement se diriger dans un endroit élevé pour servir de guet.

Étant donné ma planque, ma vision était extrêmement restreinte. Le plus gros problème avec une cachette élaborée était le manque d’informations sur son environnement proche. Je n’avais aucun moyen de surveiller de haut le terrain compliqué comme dans un film ou un jeu.

Et en plus de ça, il était difficile de respirer.

À chaque fois que j’expirais, il y avait encore plus d’air tiède. Je commençais à me demander si je n’allais pas simplement mourir étouffé ici.

— Gyah !! Attends, prends pas de photo !!

— J’ai trouvé une proie ! Je crois qu’elle s’appelle Akaumi. Hé, arrête. Lâche ça !!

— On vient tout juste de me dire que quelqu’un s’était enfui en direction de la maison hantée !

— Cet incapable de guet ! Pourquoi il a pas pris de photo ?! Comme ça, on n’aurait pas eu à le poursuivre !!

Mon champ de vision était si limité que je n’avais presque pas la moindre idée de ce qui se passait, mais je pouvais en déduire de la conversation que l’attraction passait à la vitesse supérieure. Mon cœur se mit à battre de façon désagréable et je me mis à me demander si le bruit de mes battements n’allait pas me trahir.

Mais j’allais m’en sortir.

Il le fallait.

Les chasseurs cherchaient en se basant sur l’idée que le guet couvrait l’extérieur pendant que les autres s’occupaient des bâtiments. Ils n’allaient jamais trouver ma troisième option.

Après tout…

Je me trouvais dans un vieux costume sale de mascotte traînant sur le sol.

On pouvait dire que je me cachais dehors.

Cependant, le chasseur faisant office de guet surveillant tout le parc d’attraction depuis une zone surélevée ne pouvait pas savoir que quelqu’un se cachait dans ce costume traînant par-terre. Il était possible que quelqu’un s’approche trop près et entende ma respiration, mais les autres chasseurs partaient tous du principe que les proies se cachaient à l’intérieur.

Et donc, ils n’allaient pas fouiller cette zone de fond en comble.

Ils allaient se ruer dans les bâtiments pour les fouiller aussi minutieusement que possible. Ils tenaient à fouiller chaque bâtiment avant le temps imparti.

Je n’avais qu’une tâche.

Je n’allais pas à faire des accrobaties pour éviter des lasers ou éviter les coups d’un ennemi tout en courant comme dans un film d’espionnage.

Il me fallait juste ne pas bouger d’un poil.

Je devais rester allonger sur le sol sans sourciller.

Mais quand bien même l’échec signifiait la mort, ne pas bouger pendant 30 minutes était plus facile à dire qu’à faire. En fait, j’avais depuis longtemps perdu la notion du temps. Je serais déjà devenu fou dans ce costume si je n’avais pas réglé l’alarme de ma montre pour me prévenir quand le jeu sera « terminé ».

Le costume se situait près de la vieille galerie marchande.

Ce qui me donnait donc un endroit où me réfugier au cas où les choses se compliqueraient.

J’étais sûr d’avoir vu juste.

Il y avait un risque que les chasseurs déclarent que le costume est un vêtement et que par conséquent, une photo de lui suffirait, mais j’étais tout de même plus en sécurité qu’en courant à gauche à droite dans le parc d’attraction.

Ou du moins, c’est ce que je croyais.

L’environnement immédiat peut parfois changer considérablement la situation.

Quelqu’un donna soudain un coup de pied dans la tête du costume.

Je poussai presque un cri, mais me retins tant bien que mal.

Ce jeu de cache-cache était un match collectif. Si une seule proie restait à la fin du jeu, on gagnait tous. Alors tout espoir n’était pas perdu si je me faisais capturer. Néanmoins, je n’avais aucune idée du nombre de proies restantes.

Et…

J’en avais ma claque de laisser les autres décider pour moi.

Je tentais désespérement de déterminer si la personne avait malencontreusement trébuché sur le costume ou si elle vérifiait s’il y avait quelqu’un à l’intérieur. Mais quelle que soit la réponse, tout ce que j’avais à faire était de rester parfaitement immobile.

En tous les cas, tout était fini si elle réalisait qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur.

Allez, continue ton chemin.

Allez, va-t-en.

Alors que je priais de tout mon cœur, quelque chose d’inattendu arriva.

— … Hasebe-kun ?

J’entendis une voix familière. C’était celle de Yamada-san, une consœur proie.

Je n’avais aucune obligation de lui répondre et les proies n’avaient rien à gagner à travailler ensemble, mais tout était fini si un chasseur nous voyait. Je parlais aussi bas que possible tout en restant immobile pour m’assurer que le chasseur faisant office de guet ne le remarque pas.

— Oui, c’est moi.

— Bien. On t’a pas encore trouvé.

— Et toi, Yamada-san ? Tu sais pour les autres ?

Dans cette attraction, les proies n’avaient aucune raison de se trahir les uns les autres. C’était pour cette raison que je lui avais répondu, mais quelque chose me turlupinait.

Exactement.

Elle aurait pu savoir que quelqu’un se cachait à l’intérieur du fait d’un petit mouvement ou du bruit de la respiration, mais comment savait-elle que c’était moi ?

C’était comme si elle avait vu ce qui était arrivé à chacune des proies.

Nan…

Ma gorge se noua.

Les choses suivirent malgré tout leur cours.

Impossible…!!

Et c’est alors que Yamada-san, qui était censée être une proie, se mit à crier aussi fort que possible.

— Il y a une proie juste iciiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

Son comportement n’avait aucun sens.

Mais il avait grandement influé sur l’attraction malgré tout.

Je me levai sans même retirer le costume de mascotte et me ruai vers la galerie marchande. Il était possible que le guet avait réussi à prendre une photo, mais je n’entendais personne clamer qu’il m’avait attrapé.

Mais ce n’était qu’une question de temps.

Où étais-je censé me cacher maintenant ? La galerie marchande était grande, mais l’espace à l’intérieur était limité. Si les quatre chasseurs non guet se mettaient à fouiller l’endroit minutieusement, ils allaient finir par me trouver.

Et…

Yamada-san pénétra l’air de rien dans la galerie et parla le sourire aux lèvres.

— C’est inutile. Toi et moi sommes les dernières proies restantes. On va être trouvés ici et tout sera fini.

Dans cette attraction, les proies n’avaient rien à gagner à se trahir les unes les autres.

Si l’équipe perdait, Yamada-san serait tuée elle aussi.

Mais…

Et si ce n’était en fait pas le cas ?

— On nous a posé une question au tout début. On nous a demandé qui des chasseurs et des proies allaient l’emporter. Je pensais que les équipes étaient basées sur ça, mais…

— Mais l’attraction ne pourrait avoir lieu s’il y a plus de gens d’un côté, non ?

Je n’avais pas la moindre idée de comment ils déterminaient les équipe quand il n’y avait pas du 5 contre 5. Peut-être qu’ils tiraient à la courte paille.

Ce qui importait, c’était que Yamada-san avait répondu que les chasseurs gagneraient.

Et si le pari se basait sur la prédiction du résultat final et non sur le camp dans lequel on se trouvait…

Dans ce cas, il était logique d’avoir quelqu’un comme Yamada-san dans le camp des proies qui voudrait que les chasseurs gagnent.

— Tss !!

Je retirai cet inutile costume de mascotte et jetai un œil désespéré à ma montre. Elle indiquait qu’il restait 15 minutes avant la fin. Je n’aurais jamais pu leur échapper pendant aussi longtemps en courant au hasard.

Même si la galerie était grande, sa disposition était très simple afin de faire paraître l’espace encore plus grand. Autrement dit, j’allais être repéré où que je me cache. L’énorme aquarium à l’entrée était rempli d’eau boueuse, mais je ne pourrais jamais retenir ma respiration assez longtemps pour que ça en vaille la peine.

— Je sais pas s’ils vont te tuer, mais je te promets d’éclater de rire quand je regarderai ça.

— …

Que je reste à l’intérieur ou m’enfuis à l’extérieur, c’était peine perdue.

L’étau se refermait sur moi.

J’avais besoin de trouver un endroit où les chasseurs n’iraient pas essayer de chercher, exactement comme le costume de mascotte.

J’avais besoin d’un angle mort mental.

Je n’avais qu’un espoir de l’emporter.

Et les chasseurs me trouvèrent peu après être entrés dans la galerie marchande.

Je m’étais caché dans une poubelle, mais ils s’étaient assurés de l’inspecter. Certes, j’avais fait en sorte qu’ils se concentrent sur les petits espaces comme celui-ci quand ils avaient découvert que je m’étais caché dans ce costume.

Je ne pouvais pas me souvenir de leurs noms, mais j’avais été photographié par deux hommes en costard de l’équipe des chasseurs. Puis, l’un des organisateurs en uniforme de travail m’emmena jusqu’à l’entrée principale du parc d’attraction.

Les autres proies étaient réunies là.

Une fille avait du sang coulant de ses lèvres. Elle avait peut-être tenté de voler l’appareil photo d’un des chasseurs.

Après avoir regardé une montre gousset pendant un moment, la bunny girl finit par porter un sifflet en argent à ses lèvres et un grand sifflement strident résonna dans tout le parc.

Le son était empli de désespoir.

Les proies et les chasseurs. Ce sifflement annonçait un grand prix pour l’une des équipes et la mort pour l’autre.

La bunny girl esquissa un sourire et dit : – Bon, je crois que le résultat est incontestable, mais c’est l’heure de l’annonce officielle. Sa voix se dispersait dans toute la zone et semblait continuer à l’infini. – Quatre des proies ont été capturées. Megumi Yamada-san est toujours introuvable. Une des proies n’a pas été trouvée, alors c’est l’équipe des proies qui remporte cette attraction.

Les forces semblaient quitter mon corps.

— Hah.

Puis un sourire s’esquissa sur mon visage.

Mais ce n’était pas le genre de sourire qu’on retrouve dans un livre illustré pour enfant.

C’était celui d’un homme qui avait jeté une personne sous un bus.

Mais j’avais gagné.

J’avais gagné.

— Ha ha ha ! Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha!!

Les autres proies n’avaient pas la moindre idée de ce qui s’était passé, mais leur tension semblait avoir également fondu comme neige au soleil. Ils étaient des inconnus les uns pour les autres, mais ils se mirent tous à se prendre dans les bras en pleurant de joie. Il y en a même un qui m’a enlacé et embrassé sur la joue. Je fus déçu de m’apercevoir que c’était un homme.

Pendant ce temps, l’équipe des chasseurs était bien moins jouasse.

— Comment ça se fait ?! Comment ça vous avez pas trouver Yamada, et surtout elle quoi ?! Je croyais qu’elle avait parié sur l’équipe des chasseurs !

— Elle bluffait depuis le début en fait ? Non, elle n’avait rien à y gagner. Elle doit toujours se cacher quelque part. Si elle avait trouvé un endroit si sûr, elle aurait pu se contenter de s’y cacher depuis le début !

Quoi qu’on en dise, l’attraction était terminée.

Le résultat avait été annoncé.

J’allais recevoir mon prix de 200 millions de yens. J’allais pouvoir m’échapper de cette impasse. Alors que je savourais ma victoire, la bunny girl s’adressa à moi.

— Félicitations.

— Vous pouvez m’embrasser sur la joue ? Je viens juste de vivre quelque chose d’horrible.

— Voilà pour toi.

— En Occident, c’est une forme de salutation !!

Après ce moment de bonheur intense, la bunny girl me posa une question.

— Au fait, j’ai l’impression que c’est toi qui détiens la clé de cette attraction. Ça te dérange si je te demande ce qui s’est vraiment passé ?

— Je m’en fiche tant qu’on m’assure que le résultat de l’attraction est gravé dans la roche. Pouvez-vous me garantir que rien ne pourra remettre en cause ma victoire et que mon prix ne me sera pas repris ?

— Tu as ma parole. Maintenant, j’aimerais savoir où est Megumi Yamada-san.

— Très bien.

C’était simple.

Yamada-san avait parié sur une victoire des chasseurs, mais elle se trouvait dans l’équipe des proies. Cela signifiait qu’on l’emportait si elle n’était pas trouvée avant la fin. Pour cette raison, j’avais fait ce que j’avais à faire.

Oui.

Il y avait un endroit que les chasseurs n’auraient jamais fouillé.

Un endroit où je n’aurais jamais pu me cacher moi-même.

— Elle est dans l’aquarium boueux de la galerie marchande. J’ai mis un peu de poids dans ses vêtements pour qu’elle coule jusqu’au fond.

Le règlement ne stipulait à aucun moment que les proies devaient être vivantes à la fin.