Attraction 10#

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Gagner 200 000 yens avec 1 millimètre

Il y avait cinq participants à cette attraction.

Mais même un tel nombre paraissait incroyable dans un endroit aussi saugrenu.

— Ok, voici une guillotine. Je suis persuadée que vous en avez tous déjà entendu ce nom avant.

La pièce semblait sortir de n’importe quel bâtiment en colocation.

On avait retiré tous les meubles et autres bureaux de cette salle rectangulaire. En lieu et place, deux choses incongrues étaient visibles au centre de l’endroit.

La première était l’exemple représentatif d’un outil médiéval d’exécution, la guillotine.

La seconde était une bunny girl souriante donnant les explications.

— Ceux qui sont exécutés sont attachés ici. Vous voyez les trois trous en dessous de la grande lame ? Le cou et les poignets vont là. La bunny girl leva son index. – Cette lame pèse 170 kilogrammes. Celle-ci est généralement oblique pour pouvoir découper plus efficacement une tête humaine, mais cette attraction demande une lame droite. Désolée. Certains modèles retiennent la lame avec une corde qui est coupée pour faire tomber la lame, d’autres la retiennent avec une chaîne et la relâche au moyen d’un dispositif. Ici, c’est le deuxième type.

Personne ne disait rien.

Une étrange atmosphère régnait dans la pièce.

Cet endroit semblait imprégné d’une impression où il importait peu si des hommes mouraient ou vivaient.

Il était possible que le quartier général d’une secte soit empreint de la même ambiance.

— Bon, je vais expliquer les règles de l’attraction. Mais vous en faites pas, c’est pas sorcier. Les uns après les autres, les participants vont tour à tour être attaché à la guillotine. On vous donnera un bouton à tenir avec la main droite et un autre avec la main gauche.

Elle nous montra un bouton rouge et un bleu rattachés à des fils.

Visiblement, on les utilisait en pressant avec nos pouces.

— Le bouton rouge fait tomber la lame de la guillotine et le bleu arrête cette dernière. On aimerait que vous arrêtiez tous la lame juste avant qu’elle ne vous décapite. Vous serez récompensés proportionnellement à la distance parcourue par la lame. Cependant… La bunny girl leva à nouveau son index. – Le point de référence pour la récompense n’est pas le point de départ de la lame. C’est un point à souligner. À environ un mètre de haut, vous n’obtenez rien du tout. Vous serez payés si la lame descend plus bas que ça, mais vous devrez au contraire nous payer si vous n’y parvenez pas.

Cela voulait dire qu’on allait empocher quelque chose qu’en dessous d’un mètre.

— Votre récompense sera calculée en se basant sur le fait qu’un millimètre rapporte 200 millions de yens. Si vous pouvez vraiment l’arrêter au tout dernier moment, vous remporterez 200 millions.

Un drôle d’ambiance flottait dans l’air.

On avait besoin de 200 millions.

Et on ne pouvait pas se reposer sur l’espoir vain de gagner au loto. Nos vies allaient vraiment toucher à leur fin si on ne récupérait pas cette somme immédiatement. Seules des personnes comme ça se réuniraient dans un endroit pareil.

La bunny girl sortit des lots de fortune fabriqués à partir de baguettes comme si on allait tirer à la courte paille dans un karaoké.

Cela allait décider de mon destin.

L’attraction avait commencé.

C’était du tout ou rien.

On n’avait droit ni à un entraînement, ni à une deuxième chance, alors il nous fallait collecter autant d’information que possible afin de trouver un moyen de s’assurer la victoire.

La personne qui partait en premier était considérablement désavantagée. Je priais désespéremment pour que cela tombe sur un des autres participants pour qu’ils puissent tester l’équilibre de l’attraction, mais les quatre autres devaient sûrement souhaiter la même chose.

Le premier pas en direction de la vie ou de la mort allait être décidé par ces horribles lots mal fichus.

Le lot 1 fut tiré par un vieil homme à lunettes de petite taille.

Le lot 2 fut tiré par une fille d’une vingtaine d’années en kimono.

Le lot 3 fut tiré par un homme d’âge mur en costard mais qui ne semblait pas être un employé de bureau.

Le lot 4 fut tiré par moi.

Le lot 5 fut tiré par un lycéen en survêtement.

— Ok, Yamai-san, c’est toi le premier. Allez, on y va.

Alors le vieux part en pôle position.

J’avais de la peine pour lui, mais je n’avais pas le temps pour ça. L’heure était d’ouvrir grand mes yeux. Il fallait que je rassemble autant d’information que possible. Ce que je désirais le plus savoir était le timing ou le temps de réponse qu’il y avait entre le moment où on presse le bouton et celui où la guillotine s’élance ou s’arrête.

J’avais besoin de rassembler toutes ces informations avant mon tour.

Il ne faisait aucun doute sur ce qui adviendrait de ma tête si je n’y parvenais pas.

— …

Pressé par la bunny girl, le vieil homme apparemment nerveux se plaça dans l’appareil à exécution. L’outil servait à tuer des criminels, alors il ne laissait aucune dignité. Avec sa tête et ses bras en place, l’homme se trouvait dans une position rampante comme un chien.

On tendit les deux boutons aux vieillard à lunettes.

C’était sur le point de commencer.

Cette attraction qui utilisait un appareil conçu pour tuer tout en jouant avec la vie et la dignité des gens était sur le point de débuter.

— Tu peux appuyer quand tu le voudras, mais je ferai moi-même tomber la lame si tu démarres pas dans les trois minutes. Si t’as assez confiance en toi, tu ferais mieux de me laisser faire.

Je n’arrivais pas à croire que c’était vrai.

J’ignorais à quelle vitesse la lame tombait, mais le fait de ne pas connaître le timing exact avec lequel elle allait tomber était un net désavantage. Le temps de réponse pouvait faire la différence entre la vie et la mort.

Son corps retenu, le vieil homme ne bougea que ses yeux dans une tentative désespérée d’examiner les alentours.

Il aurait sûrement voulu n’importe quel indice possible.

Il aurait sûrement voulu que quelqu’un lui donne des conseils.

Ou…

Il aurait sûrement voulu se lamenter sur le fait que c’était insensé malgré être allé aussi loin.

— …

Étant donné l’angle de son cou, je ne pensais pas que le vieil homme pouvait voir mon visage alors que je baissais mon regard vers lui, mais je secouai la tête malgré tout.

S’il n’était pas tombé plus bas que terre, il n’aurait jamais été invité à cette attraction. Et il n’aurait jamais accepté de venir.

Il fallait qu’il se prépare mentalement.

Il fallait qu’il se souvienne avoir remué ciel et terre, mais en vain. S’il ne voulait pas être renvoyé dans cette impasse, il devait gagner ici même.

Et…

J’entendis un long bruit interminable, tel l’air s’échappant d’un ballon.

Je compris rapidement que c’était la respiration longue et lente du vieil homme.

Et l’instant d’après…

Le premier round commença et l’immense lame tomba.

Toutes les personnes de l’assistance devaient sentir comme un courant électrique parcourir leur corps.

J’avais cru que mon cœur s’était arrêté de battre.

Il fallait que j’observe.

Il fallait que je rassemble des informations.

Cette tâche était intîement liée à ma propre survie, et pourtant tout quitta complètement mon esprit à cet instant.

La lame de 170 kilogrammes retenue par une longue chaîne tomba verticalement. C’était un phénomène simple, et pourtant il avait un poids immense du fait de son utilité mortelle.

En réalité, le cauchemar n’avait pu ne durer qu’une seconde, peut-être un peu plus.

La bunny girl sourit et dit : – Yamai-san est éliminé !

Un liquide désagréable se répandait sous la guillotine.

Mais ce n’était pas du sang frais.

C’était des larmes. C’était de la sueur. C’était de la morve. Chaque liquide qui pouvait sortir de son visage s’écoulait alors que le vieil homme tremblait. Toute la dignité acquise avec l’âge avait disparu.

Le problème résidait dans la hauteur de la lame de la guillotine.

La bunny girl examina de façon exagérée les marques de mesure sur le pilier de la guillotine.

— T’es à peine arrivé à 72,2 cm. Pas assez ! Et dire que je me suis démenée pour expliquer que 1 mètre était le zéro, et toi, t’es super loin de ça !! Il y a deux mètres au total, mais t’as pas fait la moitié !!

Elle remuait le couteau dans la plaie.

La bunny girl claqua ses doigts et des hommes en uniforme de travail entrèrent dans la pièce. Ils retirèrent le vieil homme de la guillotine avant de l’emporter ailleurs.

— Et cela veut dire que Yamai-san doit recevoir une punition ! Il recevra une dette équivalente au montant négatif de la hauteur. Voyons voir, si un millimètre équivaut à 200 millions de yens, combien cela peut-il bien faire ?

— Gh… Kh…

— Dis-moi, Yamai-san. J’ai aucune idée de ce qui t’a amené dans cette dernière attraction, mais peut-être que t’aurais été plus heureux après avoir perdu ta tête.

— Aaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!

Le vieil homme poussa un cri bestial, mais les hommes en uniforme de travail retinrent calmement ses bras et jambes et l’emportèrent rapidement hors de la pièce.

Il avait sauvé sa vie.

Mais je doutais qu’il restait le moindre once d’espoir pour lui.

Il avait perdu sa dernière chance de se refaire.

C’était le genre d’erreur qu’on récoltait si on échouait à laisser la guillotine tomber.

— Ok, c’est parti pour le deuxième round. Ise-san, en avant.

La femme en kimono sursauta, mais elle savait qu’il n’y avait aucune échappatoire. Afin de saisir cette dernière chance qu’il lui restait, elle devait s’allonger sur le sol comme demandé pour être enchaînée à la guillotine.

J’étais en quatrième, alors mon tour allait bientôt arriver à ce rythme.

Je voulais rassembler autant d’information utile que possible. Je cherchais une méthode infaillible pour arrêter la guillotine au tout dernier moment.

Et ensuite…

— (T’as pigé le truc ?) me murmura à l’oreille le garçon en survêtement tout en observant l’attraction les bras croisés. (T’as trouvé le principal problème de cette attraction ?)

— (La chaîne bouge pas aussi bien que je le pensais. Et pourtant faire fonctionner les freins de manière plus ambiguë travaillerait encore plus notre peur.

— (Ils veulent sûrement rendre le jeu aussi juste que possible. On a l’impression qu’ils nous regardent de haut.)

— (Même si la bunny girl a le moyen de faire tomber la lame si le participant met trop de temps ?)

— (Et s’ils pouvaient contrôler à distance les freins dans le cas où on dirait que quelqu’un va gagner ? Le bouton bleu m’inquiète plus que le rouge.)

Je ne pensais pas qu’ils feraient ça. Ou plutôt je ne voulais pas y croire.

Le peu d’observation que j’avais faite était suffisant pour me convaincre. Ils se délectaient de voir des gens se débattre en vain, alors ils ne le truqueraient pas pour qu’on meure rapidement les uns après les autres.

Il n’empêche que j’avais décidé de demander à la bunny girl de s’éloigner du bouton pendant ma tentative.

— (Je crois qu’il y a plus important.)

— (C’est-à-dire ?)

— (Tu comprendras bien assez tôt. C’est une astuce cruelle étant donné les règles de l’attraction.)

Ma concentration s’était tournée vers le garçon en survêtement.

C’était pour ça que je n’avais pas remarqué que le deuxième round avait commencé.

J’entendis un bruit différent cette fois-ci. On aurait dit que quelque chose de mou avait été tranché.

Ma conscience fut teinte en rouge.

Je n’arrivais pas à déterminer la source de cette odeur de fer. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais l’impression que mes vêtements étaient trempés. Je n’arrivais pas à comprendre comment il était possible que le corps de la femme en kimono avait glissé sur le sol alors qu’elle était retenue par la guillotine.

Je vis une tête.

Je vis deux mains.

Ils gisaient dans une flaque rouge vif.

— Hein ? Ah…?

Je les aperçus, je les regardai, et je les examinai.

Puis, le résultat du deuxième round pénétra enfin mon cerveau.

Échec.

Tuer.

Mort.

Ces simples mots flottaient dans mon esprit, mais ils ne semblaient toujours pas correspondre à la scène dont j’étais témoin.

Quelqu’un était mort.

Elle avait été décapitée.

Et pourtant, je n’avais pas entendu le moindre cri. La tête avait été coupée du corps aussi simplement que celle interchangeable d’une poupée. Une vie humaine n’était donc que ça ? C’était quelque chose d’aussi simple à perdre ? J’avais toujours cru qu’une vie était protégée par des sortes de rails invisibles.

— Ise-san est éliminée ! dit la bunny girl souriante qui avait été autant éclaboussée par le sang que moi.

Je devais garder la tête froide.

Je devais réfléchir. Je devais observer.

Mon destin allait se jouer sur la quantité d’information rassemblée avant mon tour. Mais malgré ce fait en tête, la scène en face de moi était si frappante que mes pensées semblaient manquer de continuité.

Les hommes en uniforme de travail entrèrent à nouveau dans la pièce et embarquèrent la femme en kimono qui était sans aucun doute morte.

La bunny girl essuya nonchalamment le sang sur la guillotine avant de dire : – Ok, au suivant. Yate-san, à ton tour.

— N-non… L’homme qui portait un costard mais qui n’avait rien d’un employé de bureau secoua la tête tout en tremblant. – J’en peux plus !! Ce… C’est pas normal !! C’est n’importe quoi !! Je refuse de participer. Je préfèrerai faire le pire boulot au monde plutôt que ça !

— Yate-san ?

— Je refuse de participer. Je répète, je refuse de participer ! H-Hé !! J’ai dit que je participe pas !! Je m’en vais. Arrêtez ! Lâchez-moi !! Hé ! Bordel !! Je vous ai dit de me lâcher !!

— Yate-saaan ?

Les hommes en uniforme de travail saisirent l’homme en costard, le mirent de force en position humiliante, et l’attachèrent à la guillotine qui suintait le fer.

Et c’est alors que ça me frappa.

— (J’ai compris.)

— (Vraiment ?)

— (Ils nous forcent à nous mettre à quatre pattes comme un chien, alors on peut pas voir où se trouve la lame. C’est plus qu’un simple jeu de la poule mouillée.)

— (Exactement. Le problème est qu’il n’y a aucun moyen de gagner sans contourner ça.)

Le troisième participant n’appuya ni sur le bouton rouge ni sur le bouton bleu.

Mais la bunny girl fit quelque chose qui causa un changement au niveau de la chaîne et du dispositif maintenant la lame géante en place. Cette dernière chuta rapidement et la tête tomba immédiatement après.

Plus de sang frais coula à flot.

J’étais surpris de trouver ça bien moins choquant que la première fois.

Est-ce que je commençais à m’y faire après l’avoir vécu une fois ? Ou ma peur avait-elle surpassé ses limites au point de paralyser mes sens ?

Le corps fut transporté tel un vulgaire objet.

Désormais entièrement recouverte de rouge, la bunny girl dit : – Ok, au quatrième.

Avais-je terminé mes observations ?

Avais-je trouvé une méthode infaillible ?

Non.

Ce n’était pas suffisant. Loin de là !

— En avant, Yamazaki-san.

Elle me poussait à y aller.

C’était mon tour.

De la sueur désagréable se dégagea de mon corps.

Mais je devais le faire.

On venait juste de me montrer que toute résistance était futile.

Une fois à quatre pattes comme un chien, le cou et les poignets attachés à la guillotine, je tentai de lever les yeux vers la bunny girl.

Mais je n’y parvins pas.

Je ne pouvais voir que jusqu’au niveau de ses hanches.

— Je vais le faire moi-même, alors pas touche au bouton.

— Tu crois que je tricherai ? dit la bunny girl tout en faisant comme demandé.

Et maintenant, que faire ?

Je ne pouvais pas voir la lame au-dessus de moi dans cette position. Et si je ne savais pas à quelle hauteur se trouvait la lame géante, je ne pouvais pas savoir quand presser le bouton bleu.

Dans ce cas, il me fallait mesurer le temps et la vitesse de la lame.

Mais il était trop tard pour se mettre à penser à ça une fois que c’était mon tour.

J’aurais dû le faire avant afin d’avoir une méthode parfaite et infaillible de gagner.

On m’avait donné trois chances d’observer l’attraction.

Mais je ne m’étais pas servi efficacement de ces chances.

Et si le garçon en survêtement avait en réalité fait de véritables observations ? Ou avait-il l’intention de se servir de mon tour pour ça ?

Sans information sur laquelle me reposer, j’allais devoir presser le bouton bleu en me fiant à l’instinct. Si j’étais trop lent, j’allais en mourir littéralement. Les règles étaient bien trop impitoyables pour me reposer sur mon instinct.

J’avais besoin de quelque chose.

Il me fallait quelque chose pour voir la lame de la guillotine.

— …?

Alors que je regardais le sol en dessous de moi, je remarquai quelque chose.

Le sol.

Au lieu d’un tapis, il était disposé comme celui d’une école ou d’un hôpital. Autrement dit, il reflétait la lumière. Ce n’était pas aussi bien qu’un miroir, mais je pouvais distinguer de vagues ombres.

Je pouvais discerner les distances avec ça.

Quand on veut voir derrière soi, le bon sens est d’utiliser un miroir.

— Non…

Je me mis à serrer plus fort le bouton rouge, mais je me révisai alors.

Une seconde.

C’est si simple que ça ?

Lire des lettres dans un miroir n’était pas évident. De la même façon, il était possible que mon esprit n’analyse pas correctement l’information même si les images étaient correctes. La lame de la guillotine pouvait tomber avant que mon cerveau ne puisse rattraper la déviation de l’image.

Quand j’y repensais, n’importe qui tomberait sur ça une fois mis de force dans cette position.

Malgré la mort de deux personnes, la bunny girl s’était à chaque fois démenée pour éponger le sang.

pourquoi ?

C’était pour s’assurer que le piège fonctionnait toujours !!

Comme un homme en train de se noyer se raccrocherait à une paille, on allait facilement tomber dans le panneau avec le manque d’information. J’avais besoin de me calmer. Il ne fallait pas que je tombe dans ce piège. Je devais observer calmement. Je devais me mettre dans la peau de ceux qui avaient mis en place ce piège.

Pourquoi l’avaient-ils fait ?

Ce devait être pour détourner notre attention d’autre chose. C’était une technique couramment utilisée par les magiciens. Il devait y avoir une astuce. Il devait y avoir un moyen infaillible. Ce piège était là pour nous empêcher de le remarquer.

Mais…

C’était quoi ?

C’était quoi au juste ?

— Yamazaki-san ? Qu’est-ce qui se passe ? Si la limite de temps est dépassée, je ferai moi-même tomber la lame.

Mon cœur ne battait pas correctement.

Je n’avais pas de solution.

N’avais-je pas d’autre choix que de me reposer sur mon intuition ?

Je ne pouvais pas voir la lame tomber, alors y avait-il un autre moyen de précisément mesurer la chute de la lame ?

— Il y en a un.

— Il y a quoi ?

Il y avait un moyen de le mesurer.

Je tentai de lever la tête, mais ne pus que sentir une douleur sourde dans mon cou à l’endroit où il était attaché. Je ne pouvais pas la voir tomber. Mais il devait y avoir un moyen.

Pas la lame elle-même.

La chaîne et le dispositif qui servait à la garder en place.

— Hé, gamin ! Toi là, celui qui passe après moi !!

— Hein ? Moi ?

— Dis-moi quelle taille fait le rouage au-dessus de moi et combien de dents il a ! Ça me permettra de gagner !!

— Attends, t’es censé gagner tout seul, se plaignit la bunny girl.

T’es trop naïve.

J’avais observé pendant tout ce temps. J’avais rassemblé l’information nécessaire pour gagner.

Et donc, je pouvais en être certain.

— Il n’y a aucune règle disant qu’on n’a pas le droit de recevoir de conseil. Et notre récompense est pas impacté par le résultat des autres, alors ce gamin a aucune raison de me trahir. Écoute-moi, si je gagne, tu pourras trouver le truc. Si tu veux un moyen infaillible de sauver ta peau, aide-moi !!

La garçon en survêtement soupira et dit : – Le rouage fait environ 20 cm de diamètre. Je crois qu’il a à peu près 70 dents.

J’avais gagné.

Pendant que la chaîne bougeait, le rouage allait tourner. Je pouvais compter le nombre de fois que j’entendais la chaîne et les dents s’entrechoquent. Si j’avais une idée précise d’où se trouvait la lame, je pouvais gagner ce ridicule jeu de la poule mouillée aveugle.

Et alors la bunny girl ajouta : – Mais tu sais pas si Matsui-san dit la vérité.

— Les règles de l’attraction ne lui donnent aucune raison de me trahir.

— Mais elles le forcent pas à t’aider non plus. Et s’il avait toujours voulu trahir quelqu’un croyant qu’il était son dernier espoir ?

Un silence s’ensuivit.

Demander au garçon une réponse allait être inutile.

À quoi bon lui demander s’il disait la vérité ou non ?

Je caressai doucement la surface du bouton rouge avec mon pouce.

— Je peux gagner.

— Ah bon ?

— Je vais gagner et refaire ma vie !! Et le premier pas est de faire tomber cette guillotine !!

— J’en serais pas si sûre à ta place.

Je sentis une pression insondable émaner des boutons rouge et bleu.

Malgré tout, je devais continuer.

La guillotine.

Un engin d’exécution.

Un engin conçu pour tuer.

Je tenais le bouton qui allait le mettre en marche.

Je tenais le bouton rouge.

Et je le pressai.